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Panama, un canal au cœur des amériques
5 mai 2009

Récit de Marc Soviche. En général, les

Récit de Marc Soviche.

En général, les traversées, de ce genre de canal, sont fastidieuses, on marche à faible allure entre deux navires qui se traînent de même. De longues heures passent. Notre rôle, à la passerelle, consiste à traduire à l'intention de l'homme de barre, ce que dit le pilote pour conduire le bateau. A cela se bornait notre participation dans le Canal de Suez.

Ici, c'était un peu différent. La chaleur suintait l'humidité et empêchait la respiration. Elle est la même tous les jours depanama044 l'année. Une végétation équatoriale luxuriante couvre les pentes des berges. Quelques milles après avoir engainé, le pilote nous montra, sur la droite, l'entrée du premier canal que Lesseps avait tenté de faire creuser : des milliers de morts par maladie de toutes sortes, on parle de vingt deux milles, un échec financier retentissant.

La porte de la première écluse nous apparut rapidement. Bientôt, aidé de quatre "petits" tracteurs dénommés "mules" et petits parce qu'on les voit de loin, spectaculaires sur leurs rails à crémaillères, en montagnes russes, nous montâmes de plusieurs dizaines de mètres.

Remarquable particularité : le pilote est responsable du navire quand il prend son service à bord. Partout ailleurs, le droit maritime fait obligation au Capitaine de conserver sa responsabilité pour l'ensemble de ce qui se passe sur et autour de son navire. De plus, le pilote embarque, ici, avec une équipe de matelots qui feront les manoeuvres "assistés" seulement par les membres de l'équipage du navire en question.

A la passerelle, nous avions tous armés nos appareils de photos. Des "mules", horizontales, gravissant, dévalant, des multitudes de mules, un grand nombre de photographies qui auraient pu, bien entendu, se réduire à trois ou quatre. A bord, seul le Pacha, Jacquier et le novice avaient déjà emprunté cette route, ce qui explique la frénésie qui s'empara de nous pour rapporter quelques images. Le pilote, assez méprisant, nous regardait de haut, l'air blasé.

Arrivés devant les dernières écluses avant le niveau du Pacifique, nous accostons pour permettre à des spécialistes du gyrocompas d'embarquer et de remplacer un roulement à billes qui chauffait particulièrement. Depuis quelques jours, j'avais dû stopper le convertisseur et nous gouvernions au magnétique depuis vingt quatre heures.La différence d'altitude entre chaque écluse est si importante, une bonne vingtaine de mètres, que l'enregistrement de la pression barométrique en garde une signature en forme d'escalier !

En peu de temps, "mules" aidant, nous arrivons du côté Pacifique. En quittant la dernière écluse, salués par une multitude de pélicans criards, nous étions éblouis par le travail gigantesque qu'avait demandé la construction d'un tel ouvrage et tout autant par l'entretien incessant depuis que les navires franchissaient l'isthme de Panama. L'échelle n'y était plus européenne.

Des étendues de plusieurs centaines d'hectares sont travaillés par une armée de bulldozer, aux approches des écluses. Mais la voie d'eau se faufile souvent, et semble même étroite et tortueuse comcanal_panama_eclusesme au fond d'une gorge. Le soleil y est intolérable. Sans parler de ce climat et des peines qu'ont endurées les constructeurs de l'ouvrage, il est bon de rappeler que les écluses, trois côté Atlantique et trois côté Pacifique, ont été construites pour des navires qui n'étaient  même pas encore en chantier à cette époque. Les Américains ont vu grand. Chaque écluse se répartit en deux bassins parallèles de plus de trois cent mètres de long et trente quatre de large. Les navires peuvent ainsi se croiser sans convoi comme à Suez. Les nombreux tracteurs circulent à vive allure et sans embouteillage sur cinq voies ferrées d'un bord comme de l'autre, pour aller et venir le long des écluses et servir les navires.

Le canal s'étend sur 42 milles de Cristobal à Balboa. Vieux noms, conquistadores intrépides qui prêtent au passage une réalité dorée et "légèrement" assassine. Ces noms resteront-ils, survivront-ils quand les populations indigènes auront repris leurs anciens territoires et la direction de cette voie indispensable à la navigation maritime ?

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