Les premiers travaux

La mainmise française

En 1876, l’idée d’un canal est de nouveau relancée. Dans le sillon du succès du canal de Suez (1869), deux français, Lucien Bonaparte Wyse et Armand Reclus effectuent, deux missions de repérage pour le percement d’un canal. Ils découvrent une jungle vierge semée d’embûches, des marécages pestilentiels, une faune peu accueillante avec ses moustiques, ses alligators et ses serpents. Selon les jours, la progression peut varier de 700 à 2000 mètres car en plus de marcher, il faut réaliser des repérages, prélever des échantillons, prendre des notes, établir des relevés.

Rentrés au pays, le 15 mai 1879, s’ouvre à Paris le Congrès international pour le creusement d’un canal entre les deux océans. Ce congrès présidé par Ferdinand de Lesseps voit deux projets se distinguer : le projet du Nicaragua plutôt soutenu par les Américains et celui du Panama établis par Wyse et Reclus qui recueille la faveur des Français.

Après une semaine de débats, c’est finalement l’isthme de Panama qui est choisit pour y construire ce nouveau canal qui sera au niveau de la mer comme le canal de Suez.

Un long et éreintant chantier

En 1881, les travaux peuvent donc commencer. Deux grandes tâches s'imposent aux ingénieurs : aplanir la Culebra, une montagne de 100 mètre de haut et maîtriser le Chagrès, un fleuve aux crues monstrueuses qui permettra d'alimenter les écluses.

Pour ce faire, on emploie les meilleurs ingénieurs français ainsi que le meilleur matériel de l’époque. Près de 15 000 ouvriers s’activent dans une cacophonie et une chaleur accablante. Le canal se creuse, lentement mais sûrement.

Malheureusement, des problèmes surviennent rapidement. La saison des pluies et les crues ruinent la tâche effectuée. La montagne ne se laisse pas faire. Les maladies apparaissent comme la fièvre jaune, la plus redoutée, qui touche tout le monde. Les morts sont de plus en plus nombreux et les travaux tournent au ralenti. La main d’œuvre devient plus difficile à recruter. L’entreprise générale en charge du chantier démissionne. Se succèdent alors diverses petites entreprises, ce qui désorganise le rythme et l’organisation du travail. Lesseps, qui s’entête à construire un canal à niveau a sous-estimé son coût. Il n’est qu’a moitié creusé et il a déjà coûté plus d’un milliard de franc.

C’est un fiasco. Le 4 février 1889, la compagnie est dissoute, les contrats sont résiliés, ce qui ruinent plus de 85000 ouvriers. La presse qui s’empare du fait laisse éclater au grand jour ce scandale. En 1893, des administrateurs de la compagnie sont accusés d’escroquerie ainsi que des politiques pour corruption. Les procès s’achèvent laissant le canal abandonné.