Témoignage du commandant Pierre Cole, secrétaire

Témoignage du commandant Pierre Cole, secrétaire général de l'association des capitaines aux long cours et capitaines de 1er classe.

La traversée dure un peu moins de 8 heures ce qui laisse peu de temps aux marins (qui ne sont pas des touristes) d'avoir beaucoup de souvenirs et impressions.

L'étonnant est que ce canal ne date que de 1914.

Il y a souvent une longue attente due aux formalités diverses et compliquées destinées à déterminer le prix du passage basé sur des critères de volumes commerciaux, vides ou occupés, sur pont ou dans les cales. Attente due également  à la saturation du Canal qui fait gagner énormement de distance, donc de temps, donc d'argent aux transporteurs.

Ces formalités faites, un ou plusieurs pilotes (selon la taille du navire ou la politique du moment) embarquent ainsi qu'une équipe de matelots, ou lamaneurs pour passer ou prendre les aussières ou remorques... les "passa-cables".

Les écluses sont à l'entrée et à la sortie, le navire est maintenu au centre du sas par des câbles d'acier tendus par des treuils montés sur de curieuses locomotives à crémaillères (autrefois à vapeur)... las mulas.

Hormis ces instants de manoeuvres, les navires transitent lentement dans le canal, traversent le lac de Gatun, et peuvent se croiser à l'exception d'un passage dit de la Culebra, étroite tranchée dans cette chaîne de montagnes qui s'étend pratiquement du Canada à la Terre de Feu.

Le problème du Canal est sa largeur, limitée à une quarantaine de mètres, la plupart des navires étaient construits avec cette contrainte (navires appelés pour cette raison panamax). Les échanges internationaux s'étant très largement multipliés, les navires ne peuvent plus supporter cette contrainte pour des raisons techniques (on peut développer). Ce sont les navires overpanamax. Certains font le tour par le Cap Horn, d'autres lignes déchargent leurs conteneurs aux Etats-Unis; ces derniers prennent le train (des trains énormes avec des conteneurs sur deux étages...) et rembarquent de l'autre côté.

Cela entraine un grand manque à gagner pour le Panama qui a entamé un vaste programme d'élargissenment des écluses et de la tranchée de La Culebra (élargie au "Karsher").